de Lionel Davoust
Livre 94 (Novellas) : Contes hybrides de Lionel Davoust aux Editions 1115 (2019) (139 pages) 🇫🇷 Lecture de mai 2020
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Quelques mots sur le livre :
3 novellas de 3 genres différents réunies ici : une de fantastique, une de SF et une de fantasy.
Extrait de Bienvenue Ă Magicland (3e novella) :
« Dans ma tête, ça siffle, un peu comme une cocotte-minute, où une craie sur un tableau noir ? Vous voyez ? Gniiiii. » J’agite les mains, de plus en plus vite, tandis qu’un sourire probablement malsain, mais très agréable, découvre mes incisives inférieures. « Ça fait ça dans ma tête : gniiiii, et moi, je souris, je souris comme une de ces putains de mascottes en peluche qui arpentent le parc pour se faire tirer le portrait avec les mômes. Alors, je réponds d’une voix qui tremble : « bien sûr que nous nourrissons les licornes tous les jours, madame », comme si on allait S’AMUSER à AFFAMER les animaux qui sont notre GAGNE-PAIN et à leur filer de L’HERBE comme un vulgaire CHEVAL alors que ça bouffe de la VIANDE, BORDEL… »
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Mon avis :
En vous recopiant cet extrait de la 3e novella de cet ouvrage, je ne peux m’empĂŞcher d’avoir un immense fou-rire. Je repense Ă cette lecture Ă´ combien merveilleuse que j’ai eu le plaisir de lire Ă haute voix. SĂ©rieusement, si vous vous procurez ce petit ouvrage, je vous conseille ABSOLUMENT de lire la 3e novella Ă haute voix. Tout d’abord parce que vous ne pourrez pas vous en empĂŞcher et ensuite parce qu’elle est Ă hurler de rire. C’est encore mieux de la lire ainsi et de la partager avec vos proches, vos voisins, vos amis, bref Ă tout le monde. Je plaide coupable. Quelques amis ont vraiment cru qu’un troll avait pris possession de moi, alors que je leur envoyais des messages vocaux de quelques extraits les plus drĂ´les en faisant les voix, les intonations et tout… Enfin, hum, revenons Ă nos moutons, euh… Ă nos licornes.
Contes hybrides de Lionel Davoust est un petit recueil composĂ© de 3 novellas que j’ai eu la chance de pouvoir acheter dĂ©dicacĂ© et en prĂ©commande aux Ă©ditions 1115. Ces 3 novellas sont de 3 genres diffĂ©rents : fantastique, SF, fantasy. Toutes ont leurs points forts, mĂŞme si ma prĂ©fĂ©rence va Ă la dernière. Ce qui est sĂ»r, c’est que ce petit ouvrage rĂ©vèle Ă merveille le style et la plume de l’auteur. Une entrĂ©e en matière vraiment parfaite pour qui veut dĂ©couvrir Lionel Davoust. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à acheter le livre, au risque sinon de voir l’auteur lâcher des licornes plutĂ´t agressives sur vous… (oui, parce que les licornes, ici, elles n’ont rien de My little pony !)
Ma note : 19/20
Les + :
– Les thèmes abordĂ©s : Un des points forts de ces trois novellas sont les thèmes abordĂ©s qui ont rĂ©flĂ©chir sur des problĂ©matiques actuelles dans le monde.
Dans la première novella, intitulée Le sang du large, le lecteur accompagne un écrivain à la dérive qui a perdu toute inspiration et qui cherche une muse qui lui redonnera goût à l’écriture. Les déboires de cet écrivain sont assez touchants et parlent beaucoup à toute personne ayant déjà écrit. Qui n’a jamais connu le syndrome de la page blanche ? le syndrome de l’imposteur ? Qui n’a jamais été las parfois d’écrire, en ayant une image très négative de soi-même et en voulant tout envoyer promener ? Ainsi, c’est un témoignage très poignant s’inspirant de l’expérience réelle d’auteur. D’ailleurs, au début, on sent le vécu dans la liste d’excuses pour ne pas écrire. Un passage assez drôle, il en convient, dans lequel chaque auteur se reconnaîtra sans doute. Mais le message final est fort : il faut écrire pour participer à la beauté du monde et un peu à sa magie. Rien de plus vrai que cela.
La seconde novella, intitulée Point de sauvegarde, se déroule dans un monde calqué sur le nôtre mais dans un futur aux technologies élaborées. Plusieurs thèmes sont abordés ici et font réfléchir :
1) l’exacerbation des technologies s’opposant à la préservation de la nature (ici l’Amazonie). En effet, la déforestation s’accélère, sans que les autorités ne s’engagent réellement pour empêcher la destruction des forêts.
2) l’opposition aux populations autochtones et à leur volonté de s’affirmer sur la scène internationale en revendiquant leurs territoires ancestraux par le biais de mouvements nationalistes ou indépendantistes. Cette problématique reste très actuelle, puisque de nombreux peuples autochtones n’ont pas encore voix au chapitre international. Certains ont gagné leurs revendications (Nunavut au Canada), d’autres restent encore spoliés par les autorités et tributaires de scientifiques qui leur viennent en aide pour établir les preuves de leurs limites territoriales (ex : les cartographies participatives par les géographes et les ethnologues chez les Mapuches).
3) l’opposition entre l’éthique et l’utilisation des nouvelles technologies. Peut-on tout faire au nom de la science ? Même si l’homme crée des machines, des robots, peut-il tout faire avec eux ?
La troisième novella, intitulée Bienvenue à Magicland, se déroule dans un monde de fantasy où les trolls vivent entre eux et vont voir des licornes carnivores dans des zoos. Ici, les thèmes abordés sont évidents : la tourismophobie du troll Garam et la réflexion sur la cause animale avec la remise en question du bien-être des animaux dans les zoos. La tourismophobie est une problématique qui se pose dans les territoires les plus touristiques. Les habitants et les acteurs du tourisme en ont marre des touristes et ne les supportent plus. Pire, ils voudraient qu’ils rentrent chez eux. Ainsi, le troll ne supporte pas la tendance des gens à venir visiter un endroit juste pour « dire aux autres qu’ils l’ont visité », à ne pas se renseigner sur l’objet de leur visite et à rester dans leur méconnaissance des choses. Il regrette bien souvent que le touriste ne remarque pas la beauté des créatures qu’il voit. De même, il y a une réflexion sur la cause animale et leur bien-être ou non dans les zoos. Beaucoup pensent qu’ils devraient vivre en liberté, ce qui n’est pas l’avis des acteurs du zoo qui les soignent et s’occupent d’eux toute la journée. La fin, que je ne révélerai pas, aurait tendance à basculer dans la première pensée. Mais le lecteur aura son opinion sur le sujet.
– Les personnages : La narration Ă la première personne du singulier permet une immersion totale du lecteur dans les diffĂ©rentes histoires et le plonge dans des pensĂ©es très personnelles des personnages. Une certaine identification parvient mĂŞme Ă se crĂ©er entre le lecteur et les personnages. On ressent les joies, les peines, la colère des personnages dans toutes leurs palettes de couleurs.
– La plume de l’auteur : Bien entendu, le vecteur de l’immersion dans une histoire est incontestablement ici la plume de Lionel Davoust que j’ai dĂ©couvert pour la première fois dans ce petit livre. Incisive comme il faut, toujours dans la justesse pour ce qui est de l’utilisation des mots, elle peut aussi se rĂ©vĂ©ler une arme de cynisme et d’humour, une vraie dĂ©lectation pour le lecteur. Bienvenue Ă Magicland en est l’apothĂ©ose ! Une palette d’émotion concentrĂ©e en quelques dizaines de pages. Et la chute est inattendue ! Attendez-vous Ă voir votre petit cĹ“ur piĂ©tinĂ© par des licornes en furie, car vous allez dĂ©guster…
Les – :
Difficile ici de trouver vraiment des points faibles. Surtout que Lionel Davoust a même réussi l’exploit de me faire lire et aimer de la SF. Pour ça, merci !
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Bilan :
Contes hybrides de Lionel Davoust est un recueil vraiment superbe Ă lire. On suit 3 novellas de 3 genres diffĂ©rents (fantastique, SF, fantasy). La 1ère est magnifique et traite du cas d’un Ă©crivain qui peine Ă retrouver l’inspiration. Moi qui suis frileuse sur la SF, j’ai Ă©tĂ© assez bluffĂ©e par la 2e novella avec une belle chute. Pour la 3e, j’ai eu plusieurs fous rires. A lire Ă haute voix et Ă relire plusieurs fois, sans modĂ©ration !
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[…] que je lis toujours avec grand plaisir. J’avais adorĂ© m’immerger dans son recueil de novellas Contes hybrides qui fait voyager Ă travers les trois genres de l’imaginaire. Plume Ă la fois pointue, efficace, […]
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