Les aventures du Roi Singe, T1 : les immortels

de Stéphane Melchior et Vincent Sorel

Livre 100 : BD Les aventures du Roi Singe, T1 : les immortels de Vincent Sorel et Stéphane Melchior-Durand, aux éditions Gallimard (2020) (64 pages) 🇫🇷 Lecture de juin 2020

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Résumé de 4e de couverture :

« Sur le Mont des Fleurs et des Fruits, le Roi Singe est accablé : sans le secret de l’immortalité, le bonheur de son peuple est imparfait. Pour protéger les siens, il décide d’aller voler chez les dieux la « recette miracle » de la vie éternelle. Parti pour un long périple, il découvre un curieux bâton de fer, qui n’est autre que le Jingu Bang, l’arme la plus puissante jamais forgée ! L’aventure ne fait que commencer… »

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Mon avis :

Ce n’est pas un secret, je suis passionnée par l’histoire du Roi Singe, un des quatre grands classiques de la littérature chinoise. Depuis l’enfance où j’avais découvert cette histoire par le biais d’un dessin animé, puis à l’âge adulte où j’ai lu plusieurs versions jusqu’à ma lecture récente de la première moitié de l’œuvre complète (chronique ici : https://unebulledefantasy.wordpress.com/2019/10/21/la-peregrination-vers-louest-tome-1-livres-i-a-x/ ) j’ai toujours cherché à en savoir plus sur ce personnage. De fait, chaque adaptation graphique suscite ma curiosité, sur le traitement de l’histoire, des personnages, des enjeux. Le premier tome de cette BD s’attarde sur les débuts de la vie du Roi Singe qui consiste à devenir immortel, gagner des pouvoirs magiques et embêter les divinités bouddhistes. J’appréhendais un peu cette adaptation jeunesse, mais je dois dire que j’ai été très agréablement surprise par les choix et les changements qui ont été faits. Loin de dénaturer l’histoire originelle, cette adaptation BD apporte un souffle nouveau et des idées drôles et originales. De quoi ravir les fans de ce personnage qui trouveront plein de clins d’œil intéressants, mais aussi les néophytes, petits et grands, qui ne connaissent pas ce personnage de légende.

Ma note : 17/20

Les + :

Le respect des éléments principaux de l’histoire originelle : Dans l’ensemble, l’adaptation BD respecte bien l’histoire du Roi Singe. Il est né d’une pierre sur la Montagne des Fleurs et des Fruits. Il vit en autarcie avec une bande de singes dont il devient le roi et commence à s’ouvrir au monde après la mort d’un des siens. Son but : trouver un moyen de tromper la mort et de devenir immortel. Dans l’œuvre originelle, cette volonté de tromper la mort pour lui et les siens est une quête, un apprentissage qui lui prend beaucoup de temps. Ici, cette quête initiatique est simplifiée au maximum, mais est présente. On retrouve même certaines étapes dans la BD (la visite du Roi Singe au dieu des morts, Yama, divinité hindouiste et présente aussi dans le bouddhisme ; le fait de manger une pêche d’immortalité de l’empereur de Jade).

Dans sa recherche d’immortalité et de pouvoirs, le Roi Singe rencontre un personnage qui lui apprend des transformations et l’art du combat. Dans l’adaptation, le personnage change. Ce n’est pas un vieux sage mais une femme qui lui enseigne quelques tours et devient une alliée redoutable.

On retrouve également quelques péripéties, modifiées certes, mais fidèles à l’esprit du livre d’origine, avec certaines actions du Roi Singe qui causent des problèmes au panthéon céleste. La première partie de l’histoire du personnage dans l’œuvre originelle est consacrée entièrement à cette pagaille qu’il met au palais céleste et aux alentours. Ici, ce n’est que le premier tome, mais on constate déjà quelques interférences (visite au dieu Yama qui se plaint ensuite à l’empereur de Jade, conflit avec un dragon des mers pour le bâton magique et refus de le rendre au serviteur de l’empereur de Jade). Le Roi Singe se fait de plus en plus d’ennemis et la fin de la BD laisse présager que les auteurs exploreront davantage les tribulations du Roi Singe et son désordre céleste qui le conduiront à être emprisonné sous une montagne par Bouddha pendant 500 ans.

De fait, l’histoire est respectée dans son essence-même et le Roi Singe commence à rassembler les attributs qu’on lui connaît bien, même si la manière de les obtenir diffère un peu (il a déjà récupéré son bâton magique, son nuage pour voler dans le ciel, ses cheveux magiques données ici par la sorcière de la grue blanche et non par la déesse Guanyin).

La simplification d’aspects complexes : Bien évidemment, l’œuvre ne pouvait pas être adaptée en gardant exactement les mêmes aspects. Complexe et très empreinte des aspects moraux des religions bouddhistes et taoïstes, l’œuvre originelle est difficilement accessible. Ici, le pari était de la rendre plus compréhensible et de la faire découvrir à des néophytes (surtout les enfants). Les auteurs ont donc dû tailler beaucoup dans l’histoire et enlever les aspects trop complexes autour de l’éveil, de l’élévation de l’âme et de la sagesse des religions. C’est le cas également de certaines aventures, telles que l’emploi du Roi Singe comme palefrenier céleste avant son vol des pêches d’immortalité, la quête d’une arme magique et le conflit avec tous rois dragons des mers. Tous ces aspects sont évacués de l’histoire ou changés. En ce qui concerne le panthéon céleste, il est simplifié à l’extrême pour que le lecteur ne soit pas perdu entre tous les noms et la hiérarchie divine assez difficiles à suivre quand on n’est pas habitués. Ainsi, les auteurs ont fait le choix d’une épuration du vocabulaire, des personnages et de certaines idées. Un choix bienvenu pour rendre l’histoire du Roi Singe accessible à tous.

Des ajouts originaux, drôles ou burlesques : L’adaptation BD a fait également le choix d’ajouter des personnages totalement inventés. Certains sont drôles et ont l’unique but de faire rire, comme les gardes de l’empereur de Jade qui commande le panthéon céleste taoïste/bouddhiste. Ils sont trois, représentés en homoncules, l’un avec de grands yeux, l’autre avec de grandes oreilles, l’autre avec une grande bouche. Ce sont eux qui enchaînent les gaffes et leurs interventions font sourire le lecteur. J’ai beaucoup aimé également le nuage magique doté d’une conscience qui choisit de délaisser son maître cruel pour se mettre au service du Roi Singe. D’habitude, il n’est pas vivant et cet ajout est très bien amené et véritablement original. Ici, il sauve le Roi Singe et l’aide à terrasser ses ennemis. Il trahit même l’empereur en lui fournissant une des pêches d’immortalité. Un allié inattendu mais très bien choisi. Enfin, j’ai vraiment apprécié le personnage inventé de la sorcière de la grue blanche qui devient un mentor et une amie pour le Roi Singe. Un personnage attachant et qui apporte une touche de féminité dans cet univers très masculin.

Les – :

Quelques facilités au niveau du scénario, mais qui s’expliquent par le public visé qui reste avant tout les plus jeunes.

Un dessin simple, surtout ressenti dans la représentation des décors, des paysages.

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Bilan :

Une lecture très plaisante de cette libre adaptation des aventures du roi singe. J’ai aimé les changements dans l’histoire qui la rendent plus accessible au public que la version originale. Quelques raccourcis et l’ajout de personnages apportent une véritable bouffée d’oxygène à la BD.

3 commentaires

  1. […] Vous pouvez retrouver d’autres adaptations de cette œuvre en dessin animé, sous le nom de Journey to the west (1999), mais aussi en film avec l’œuvre The Monkey king (3 films actuellement). Netflix a également développé une version librement modifiée en série, actuellement 2 saisons disponibles, sous le nom de Les Nouvelles Légendes du Roi Singe (2018), où Tripitaka et Sablon sont des femmes. Il y a aussi une vieille série chinoise, du nom de Xi You Ji ou Journey to the West (1986), qui était diffusée sur CCTV et qui est très célèbre en Chine. Aujourd’hui, le générique est très connu et a été réutilisé dans les films actuellement sortis sur le sujet. Parmi les autres adaptations BD, il y a celle intitulée Les aventures du roi singe, T1 : Les immortels, qui n’est pas la plus fidèle mais dont les choix scénaristiques sont intéressants. Cette adaptation BD est à mon sens plus destinée aux enfants que l’adaptation BD de cette chronique. Lien vers la chronique : https://unebulledefantasy.wordpress.com/2020/08/07/les-aventures-du-roi-singe-t1-les-immortels/ […]

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